Dès 1944, il expérimenta différentes techniques en autodidacte, fut pionnier du dripping et de l’Action painting, et créa le tubisme, la peinture à même le tube. En 1947, il commença à monter des expositions collectives « de combat » et fonda l’Abstraction lyrique, une peinture tachiste, gestuelle et calligraphique, dans laquelle on classe aujourd’hui Hartung, Hantaï, Degottex, Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun, Poliakoff, Schneider, mais aussi Mark Rothko, Sam Francis, Joan Mitchell, et qui se situe aux antipodes de l’abstraction géométrique.
Plaçant l’œuvre d’art « au carrefour de l’objet, de l’acte et du comportement », il fut le premier à organiser des performances et des happenings, plusieurs années avant Yves Klein : Hommage au Maréchal de Turenne peint devant un photographe en 1952, La Bataille de Bouvines et Les Capétiens partout ! peints devant une caméra en 1954, puis Hommage aux Poètes du monde entier, toile géante de 48m2 peinte dans un théâtre devant 2000 personnes, une surface inédite pour l’époque et anticipatrice du gigantisme actuel.
Il inaugura le concept de tournées internationales, réalisant sur place toutes les toiles exposées dont certaines en public, lui valant une forte notoriété notamment aux États-Unis et au Japon : Londres en 1956, Belgique, Japon et Etats-Unis en 1957, Allemagne et Suède en 1958, Autriche, Brésil et Argentine en 1959.
Il étendit son domaine d’intervention très largement aux arts appliqués dans les années 60 à 80 : la pièce de 10 Francs, les affiches Air France, le logo d’Antenne 2, les assiettes de Sèvres, les tapisseries des Gobelins, les médailles de la Monnaie de Paris, les 7 d’Or, les plafonds de la mairie de Boulogne-Billancourt, une usine « étoile », les bouteilles de champagne Deutz, plusieurs timbres, une fresque à la feuille d’or de 4 x 20 m à la Maison de la Radio intitulée Hommage à Jean Cocteau, etc.
Cet érudit doublé d’un intellectuel, connu pour sa flamboyance de dandy aristocratique, invoqua l’Histoire de France pour nommer ses toiles et, auteur de nombreux discours et d’une dizaine de livres, étendit son rôle à celui de théoricien et de critique d’art, traitant de sujets artistiques mais aussi philosophiques, politiques et liés à l’interdisciplinarité. Élu à l’Académie des Beaux-Arts en 1975, Mathieu n’aura eu de cesse de prôner un renforcement de l’éducation artistique et un rôle social pour l’artiste.
Mathieu est représenté dans les collections d’une centaine de musées dans le monde (une vingtaine de toiles au Centre Georges Pompidou), ainsi que dans des collections privées réputées (une vingtaine de toiles à la Fondation Gandur pour l’Art) et il a été l’objet d’expositions monographiques notamment au Château de Versailles, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, au Musée du Jeu de Paume à Paris, au Palais des Papes à Avignon.
Georges Mathieu s’est éteint en juin 2012. Son œuvre est représentée en exclusivité dans le monde par la galerie Perrotin.
Quelques citations :
André Malraux « Enfin un calligraphe occidental ! »
Jean Cocteau « Georges Mathieu est un grand seigneur, tout ce qu’il touche devient féodal et noble. »
Salvador Dalí « Les tableaux de Mathieu sont les décrets royaux de la discontinuité de la matière. »
Clement Greenberg « Je le considère comme le plus fort de tous les nouveaux peintres européens. »
Président Georges Pompidou « J’ai beaucoup de chefs-d’œuvre de vous. »
Daniel Wildenstein « Votre peinture montre une jeunesse et une évolution que seuls des artistes comme Titien et Monet ont accomplies. »
Professeur Soichi Tominaga « Le plus grand peintre français depuis Picasso. »
John Ashbery « Les nouvelles peintures de Georges Mathieu font probablement de lui le plus important peintre abstrait en France. »
Léopold Sédar Senghor « C’est surtout que j’admire beaucoup votre œuvre. »
Président Juscelino Kubitschek « Je n’ai jamais été autant impressionné par une œuvre moderne. »